En Guinée, les plaidoiries des avocats dans le procès du 28-Septembre commencent, ce lundi 13 mai. En 2009, à cette date, au moins 157 personnes étaient exécutées durant un meeting contre la junte du capitaine Moussa Dadis Camara. Une centaine de femmes avaient été violées sur place et dans des camps militaires qui ont aussi servi de lieu de torture.
En Guinée commencent ce lundi 13 mai 2024 les plaidoiries des avocats dans le procès du 28-Septembre. En 2009, à cette date, au moins 157 personnes étaient exécutées au stade du 28-Septembre de Conakry durant un meeting contre la junte du capitaine Moussa Dadis Camara. Une centaine de femmes avaient été violées sur place et dans des camps militaires, qui ont aussi servi de lieu de torture. C’est dans ce cadre que l’ancien président Dadis, ainsi que dix autres figures de la junte du CNDD, sont jugés à Conakry dans ce procès d’ores et déjà considéré comme historique.
Un an et demi après l’ouverture du procès, le 28 septembre 2022, ce sont les avocats des parties civiles qui ouvriront le bal des plaidoiries. D’après l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH), qui a accompagné les victimes depuis le massacre de 2009, 106 parties civiles ont défilé à la barre pour raconter le calvaire qu’elles ont vécu. Ces dernières étant défendues par une quinzaine d’avocats au moins, les plaidoiries pourraient prendre plusieurs jours avant que le ministère public ne propose ses réquisitions.
Ce n’est qu’après cette étape que les avocats de la défense présenteront leurs arguments en faveur de leurs onze clients, parmi lesquels l’ex-président de la junte du CNDD Moussa Dadis Camara, son aide de camp qui avait provoqué sa chute Aboubacar Diakité dit « Toumba » et l’ancien ministre de la Lutte anti-drogue, Moussa Tiegboro Camara.
Grâce aux témoignages des victimes, le procès a permis d’évaluer toute l’envergure du massacre de 2009. Mais il y a aussi eu des « insuffisances », estime Alseny Sall, chargé de communication de l’OGDH, notamment le refus d’un transport judiciaire vers les sites présumés de fosses communes. Car sur les 157 personnes tuées, une centaine est toujours portée disparue. « Alors qu’il y avait eu des demandes du parquet et des parties civiles pour un transport judiciaire aux alentours du stade, au cimetière Cameroun de Conakry et sur d’autres lieux considérés comme des charniers, le président du tribunal Sory 2 Tounkara a tranché avant même d’ouvrir le débat sur cette question, déplore Alseny Sall. Et compte tenu des insuffisances que ce dossier a connu au moment de l’instruction préparatoire, comme le fait que la plupart des acteurs du massacre soient en cavale, ce tribunal ne devrait négliger aucun détail permettant à la justice de faire son travail et à la manifestation de la vérité ».
Un autre point inquiétant du procès : l’évasion spectaculaire le 4 novembre 2023 du colonel Claude Pivi, surnommé « Coplan », figure de l’armée guinéenne autant crainte que respectée. Il est officiellement toujours recherché.
Alors que Dadis et ses anciens compagnons sont jugés pour « meurtre, assassinat, viol, torture » entre autres, les poursuites reposent sur le droit commun guinéen. Mais en mars 2024, le parquet a demandé une requalification des faits en crimes contre l’humanité, initiative soutenue par les parties civiles mais rejetée par les avocats de la défense. Le tribunal a décidé de rendre sa décision sur cette requalification au moment du jugement.
rfi