L’étude en question, co-signée par huit chercheurs de Marseille dont le microbiologiste Didier Raoult, n’est qu’une prépublication, ce qui signifie qu’elle n’a pas été révisée par d’autres experts, pour l’instant. Mais elle permet d’illustrer à quel point une étude sur un médicament doit tenir compte de nombreux paramètres avant qu’on puisse conclure que le médicament fonctionne.
Le travail porte sur 1276 patients hospitalisés entre mars 2020 et mars 2021 à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU) dont Didier Raoult était le directeur —et d’où il s’est fait connaître comme un défenseur indéfectible de ce médicament anti-malaria contre la COVID. La recherche s’est concentrée sur l’évolution de la « charge virale » de ces patients, c’est-à-dire qu’elle a tenté de mesurer si la quantité de coronavirus chez ces patients a diminué, ou non, grâce à l’hydroxychloroquine (HCQ). 776 de ces patients avaient été traités avec de l’HCQ, et 500 avec d’autres médicaments. La conclusion des auteurs est que l’élimination du virus (en anglais, viral clearance) aurait été atteinte « significativement plus tôt » dans le groupe avec HCQ.
D’emblée, cette étude arrive en retard: l’engouement face à ce médicament —que même Donald Trump avait vanté en mars 2020— a donné lieu en 2020 et 2021 à plus de 200 études cliniques dans des dizaines de pays qui, en grande majorité, ont conclu que le médicament n’avait pas d’effets pour réduire les cas graves de COVID ou les décès.
Cette étude ajoute-t-elle quelque chose de neuf? En attendant qu’elle ait été formellement révisée par les pairs, c’est-à-dire par d’autres experts du domaine, elle a déjà fait l’objet de lectures informelles qui ont attiré l’attention sur certaines failles. La liste qui suit n’est pas exhaustive.