Dans un entretien exclusif, Maître Habib Vitin, Président du mouvement Thiès d’Abord, revient sur une année marquée par des crises politiques, économiques et sociales dans la capitale du rail. Connu pour son franc-parler, l’homme politique analyse les faits marquants de 2024 tout en esquissant des pistes pour un avenir plus prometteur à Thiès.
L’année 2024 a été particulièrement mouvementée pour la commune de Thiès Ouest, secouée par des querelles internes. Selon Maître Habib Vitin, les dissensions entre le maire et certains conseillers municipaux ont gravement compromis des projets vitaux pour les populations.
« Lorsque les intérêts partisans priment sur l’intérêt général, ce sont les populations qui en subissent les conséquences. Le développement local requiert consensus et efficacité, deux éléments aujourd’hui absents à Thiès Ouest, » a-t-il déploré.
Sur le plan national, l’élection présidentielle, marquée par la victoire de la coalition Diomaye Président, a mis fin à douze années de gouvernance de Macky Sall. Si Maître Vitin salue cette transition, il reste préoccupé par les violences ayant entaché le processus.
« Ces affrontements, qu’ils soient verbaux ou physiques, n’ont pas leur place dans une démocratie apaisée. Il est impératif de privilégier le dialogue dans nos débats politiques, » a-t-il insisté.
L’année 2024 a également été marquée par des événements dramatiques ayant mis à l’épreuve la résilience des populations thiessoises. La contestation des conducteurs de moto-taxis Djakarta, qui dénoncent des mesures jugées trop restrictives comme le port obligatoire du casque, reflète un manque de considération des autorités malgré leur rôle crucial dans l’économie locale. Par ailleurs, l’insécurité des conducteurs de motos, marquée par des agressions parfois mortelles, a souligné l’urgence de renforcer la sécurité publique.
La suspension des opérations foncières à Mbour 4 a plongé de nombreuses familles dans l’incertitude, les empêchant d’accéder à leurs terrains. Enfin, le violent incendie ayant ravagé le marché central a laissé des dizaines de commerçants dans une grande précarité.
« Les autorités doivent reconstruire rapidement le marché tout en renforçant les infrastructures de sécurité pour éviter de telles catastrophes, » a plaidé Maître Vitin.
L’installation de la statue de Lat Dior par le maire Babacar Diop a suscité un tollé, le choix d’un artiste burkinabé au détriment des artisans locaux ayant été critiqué.
« Thiès regorge de talents capables de réaliser des œuvres symboliques. Nous devons valoriser nos propres ressources, » a martelé Maître Vitin.
Par ailleurs, l’interdiction de la foire commerciale sur l’avenue CAEN a révélé les tensions entre la ville et les communes. L’homme politique prône une meilleure collaboration intercommunale pour des actions plus efficaces.
Grâce à sa proximité avec l’aéroport Blaise Diagne et à des projets comme le TER, Thiès possède des atouts stratégiques indéniables. Cependant, Maître Vitin déplore un manque de vision stratégique et des infrastructures peu attractives.
« Thiès pourrait devenir un véritable pôle économique et touristique. Cela exige des investissements, une modernisation des infrastructures et des opportunités pour les jeunes, » a-t-il souligné.
Optimiste, Maître Vitin voit en 2025 une opportunité de renouveau pour Thiès.
« Les défis sont grands, mais Thiès a les moyens de réussir. Ce qu’il faut, c’est une vision claire, une volonté politique forte et des actions concrètes, » a-t-il conclu.