Président du mouvement « Thiès d’abord », Me Habib Vitin a préféré attendre que la poussière se dissipe pour dire sa pensée par rapport à la réalisation de la statue de Lat DIOR, héros national et véritable symbole de la résistance face à l’invasion française pendant la colonisation au Sénégal, par la mairie de ville de Thiès.
Même si Me Vitin salue l’idée du conseil municipal de la ville de Thiès de rappeler aux Sénégalais les valeurs de dignité, de courage et de refus bien connus dans la région de Thiès et incarnées par le fils de Ngoné Latyr FALL et de Sakhéwere Sokhna Mbaye DIOP, il n’en demeure pas moins que les problèmes quotidiens rencontrés par les Sénégalais restent entiers et sont trop peu pris en compte par les autorités locales et nationales.
« Oui, rendre hommage à Lat Dior est un acte noble, mais cela ne doit pas se limiter aux éloges ou à la glorification du passé et laisser de côté, pendant ce temps, les véritables problèmes qui affectent la vie des Thiessois », rappelle-t-il avant de s’insurger de l’oubli flagrant des questions essentielles dans les discours, y compris celui du président de la république Bassirou Diomaye FAYE lors de la cérémonie d’inauguration.
Cette cérémonie devrait être, à l’en croire, une tribune solennelle pour traiter et discuter, sinon d’exposer les préoccupations quotidiennes que rencontrent les Thiessois. « Hélas, les défis urgents n’ont pas trouvé malheureusement de réponses concrètes lors de cet évènement… », s’indigne-t-il.
Pour Me Vitin, la véritable question pour être digne du legs de Lat Dior doit être : « Que faisons-nous aujourd’hui pour prolonger son combat, non pas contre des forces coloniales, mais contre les défis modernes auxquels nous faisons face ?
Aller au-delà des éloges, et travailler pour :
- Une éducation de qualité, qui prépare nos jeunes aux métiers de demain et leur donne les outils pour être des leaders dans un monde en constante évolution.
- Une économie locale dynamique, qui valorise les ressources de notre région, soutient les entrepreneurs et crée des emplois durables pour notre jeunesse.
- Un cadre de vie digne, où chaque Thiessois bénéficie d’infrastructures modernes, d’un environnement sain, et d’un accès équitable aux services publics.
Lat Dior a combattu pour la liberté et la dignité de son peuple. Aujourd’hui, notre combat est différent, mais tout aussi noble. Il s’agit de libérer nos jeunes du poids du chômage, de rendre leur dignité aux familles en difficulté, et de bâtir une Thiès où chacun peut réaliser ses aspirations.
Habib Vitin, pour sa part, de vérité, s’est offusqué que la question cruciale de la relance du chemin de fer soit zappée dans les discours alors que pour lui, « Le chemin de fer est aujourd’hui dans nos tiroirs, sans aucune avancée concrète », a-t-il déploré. Les rails devraient être, à l’en croire, un moteur important de l’économie régionale, qui permet à Thiès de sortir de sa dépendance économique et d’atteindre un véritable développement. Une relance de ce secteur semble pourtant être une promesse lointaine, bien loin des priorités affichées par les autorités locales.
Au-delà du chemin de fer, Me Vitin trouve aberrant le manque d’infrastructures de formation professionnelle dans la ville. Ce qui explique, de son constat, la situation désastreuse des jeunes qui, bien qu’ambitieux, peinent à se former qualitativement pour participer activement à l’essor de la région. « Nos jeunes talents se heurtent à des murs, faute de structures de formation adaptées » », a-t-il pointé du doigt, soulignant que l’inaction des autorités sur ce point est déplorable.
Sur le plan éducatif, Me Vitin s’exaspère également du manque d’appui financier pour les élèves de Thiès qui peinent à poursuivre leurs études faute de bourses d’étude. C’est la raison pour laquelle il estime qu’il est, « inconcevable qu’avec tous les moyens déployés ailleurs, que nos élèves se retrouvent dans l’incapacité de continuer leur parcours académique à cause de l’insuffisance de bourses », a-t-il lancé, dénonçant une gestion inéquitable des ressources et un manque d’ambition pour l’avenir des jeunes de la ville.
Il a également regretté l’indifférence du Maire et du Président de la République lors de leur discours pour un appel à la solidarité, à la modernisation et à l’extension du marché central après l’incendie tragique qui a occasionné beaucoup de pertes matérielles et financières. Comment peut-on ignorer la détresse de ceux qui constituent le poumon économique de notre ville ? C’est le même sentiment qui l’anime pour les attributaires de parcelles de Mbour 4 et s’indigne du silence assourdissant des autorités sur ces questions.
Toujours dans sa logique, l’avocat souligne l’absence d’une véritable concertation avec la population autour du projet de la statue de Lat Dior qui, selon lui, est un autre exemple flagrant de la déconnexion entre les autorités locales et les citoyens. « Le maire de Thiès, bien qu’ayant lancé une initiative louable, a oublié de consulter les Thiessois. Ce projet, pourtant symbolique, n’a pas été accompagné d’une véritable démarche participative », a-t-il regretté, mettant en lumière l’isolement des citoyens dans la gestion des affaires locales.
Par ailleurs, Me VITIN encourage fortement le recours à la préférence nationale dans la réalisation des projets futurs de notre ville. Notre pays regorge de talents et de compétences, que ce soit dans les domaines artistiques, techniques ou culturels. Confier cette œuvre à des artistes et artisans sénégalais serait une manière de valoriser notre savoir-faire local tout en honorant l’esprit de Lat Dior, qui a toujours défendu les intérêts de son peuple.
Pour terminer, il appelle les Thiessois à une mobilisation sans faille afin de refuser tout leurre émanant des autorités locales, mais d’imposer un matrix d’actions édicté par la jeunesse et qui met en exergue les priorités de développement. « Nous rendrons hommage à Lat Dior non seulement en honorant sa mémoire, mais en affrontant les défis de notre époque avec la même détermination qu’il a mise dans la lutte pour la liberté », a-t-il conclu, soulignant que les promesses de développement doivent désormais se traduire par des actions concrètes pour le bien-être des citoyens de Thiès.